La montée en puissance des modèles d’intelligence artificielle (IA) générative a profondément bouleversé notre manière d’accéder à l’information en ligne. Depuis le lancement de ChatGPT fin 2022, l’IA conversationnelle attire chaque semaine près de 400 millions d’utilisateurs actifs, démontrant un engouement massif pour des réponses instantanées et synthétiques . Parallèlement, Google enregistre aujourd’hui plus de 5 000 milliards de requêtes annuelles, soit une croissance de plus de 20 % en deux ans, preuve que la recherche traditionnelle reste plébiscitée . Mais face à l’émergence de plateformes capables de dialoguer et d’agréger des connaissances, la question se pose : l’IA va-t-elle tuer Google ?
La montée en puissance de la recherche assistée par IA
Les moteurs de recherche pilotés par IA ne se contentent plus de proposer des liens bleus : ils génèrent des résumés et des recommandations personnalisées. Selon une étude d’Adobe, les références issues de la recherche IA vers les sites e‑commerce américains ont explosé de 1 300 % lors des fêtes de fin d’année 2024, avec un engagement utilisateur supérieur : +8 % de temps passé, +12 % de pages vues et – 23 % de taux de rebond comparé à la recherche traditionnelle . Par ailleurs, l’adoption des chatbots IA en milieu professionnel confirme cette tendance : ChatGPT capte aujourd’hui 19 % des utilisateurs de chatbots, devant Bing Chat (6 %) et Google Gemini/Bard (4 %) .
Comment Google s’adapte
Conscient de l’enjeu, Google intègre progressivement l’IA dans son cœur de métier. En mars 2025, la firme a déployé AI Mode, une fonctionnalité multimodale associant Gemini AI à Google Lens, qui interprète et enrichit les recherches d’images par des réponses contextualisées et interactives . De plus, les AI Overviews, qui fournissent des synthèses issues de l’index Google, sont désormais déclenchées pour 47 % des mots-clés sur desktop et 76 % sur mobile, rendant l’accès à l’information plus direct . Enfin, Google Bard, son chatbot conversationnel, revendique plus de 140 millions de visites mensuelles et vise le milliard d’utilisateurs d’ici la fin 2025 .
Les menaces qui pèsent sur le modèle historique
Malgré ces évolutions, la domination de Google est challengée sur plusieurs fronts. D’abord, l’érosion des « dix liens bleus » traditionnels profite à des alternatives comme Perplexity ou ChatGPT Search, qui évitent la publicité et proposent un format conversationnel plus fluide . Ensuite, la justice et les régulateurs examinent de près le quasi-monopole de Google, tandis que des géants comme Apple explorent des substituts pour leurs utilisateurs, menaçant l’intégration par défaut de Google dans leurs écosystèmes . Enfin, la montée en puissance des agents IA autonomes, capables de réaliser des tâches complexes sans requête humaine directe, pourrait redéfinir l’accès à l’information et contourner les moteurs classiques .
Perspectives d’avenir : coopération ou confrontation ?
Plutôt qu’une destruction pure et simple, l’avenir de la recherche semble se dessiner sous la forme d’une symbiose entre moteurs traditionnels et IA conversationnelle. Des experts prédisent l’émergence de moteurs hybrides combinant la fiabilité de l’index Google et la convivialité des chatbots, pour offrir à la fois pertinence et interactivité . Du côté des référenceurs (SEO), la donne change : il ne s’agit plus seulement de se positionner sur des mots-clés, mais d’être cité par les IA, d’où l’importance accrue de la structuration des données et de la qualité des sources . Enfin, l’enjeu monétaire reste crucial : la publicité ciblée devra s’adapter à ces nouveaux formats de réponse, sous peine de voir les revenus publicitaires se déplacer vers les plateformes IA émergentes .
L’IA ne tuera pas Google du jour au lendemain, mais elle oblige le géant à réinventer la recherche en temps réel. Entre adoption croissante de l’IA, pression réglementaire et émergence de nouveaux acteurs, le paysage de l’information est en pleine mutation. À terme, les utilisateurs bénéficieront d’une expérience plus personnalisée et efficace, à condition que Google et ses concurrents parviennent à équilibrer innovation technologique, fiabilité des sources et modèle économique durable.